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Dans un article précédent (Lire l’article : « Vous savez, je ne suis pas malade… »), j’ai voulu réagir à une idée reçue sur la psychothérapie qui m’occupe beaucoup l’esprit en ce moment… Il faut dire que je l’avais prise un peu comme une claque en plein visage, à un moment où je ne m’y attendais pas, tout affairé que j’étais, à la conception et la création de mon «endroit». Je ne sais pas si pour mes confrères ce fut aussi important, mais en ce qui me concerne, je vis le choix du lieu et de la disposition de mon cabinet de psychothérapie comme quelque-chose de fondamental pour la sérénité, le confort et indirectement la qualité de ma pratique… Alors habité que j’étais, par une sorte de confiance inébranlable, avançant sous le regard protecteur et bienveillant de mon amie imaginaire la bonne étoile, je n’avais pas conscience de ce «danger».
Non, je ne m’attendais pas du tout à ce que quelqu’un vienne soudainement projeter ses angoisses et son incertitude sur moi. Sans doute parce qu’elle ne savait pas vraiment comment répondre à ma question, une personne en qui j’avais très maladroitement (et fort heureusement très temporairement) placé ma confiance, m’a projeté dans un monde parallèle tout vide et tout triste… Un univers dans lequel la vérité est déjà toute faite et il n’y a qu’à la suivre, un peu comme on respecterait la prescription du médecin. Faire comme ci, penser comme ça, croire ceci et imaginer cela. Et moi, épris d’une frénésie de liberté, habité par ce désir profond d’exister qui contamine patiemment chacune des cellules de mon organisme depuis quelques années, je me suis retrouvé en l’espace d’une seconde emprisonné dans un univers étriqué, comme une sorte de jardin artificiel clos de murs sur lesquels seraient peintes les icônes vulgaires d’un monde bien-pensant et politiquement correct… Hors de question de m’y laisser enfermer!
Alors, parlons-en.
Aussi, pour en revenir au sujet exact de ma préoccupation, il est question de la confiscation de la psychothérapie par la médecine, ou par quiconque se réclame seul détenteur de la connaissance et revendique sous une forme d’exclusivité, la reconnaissance de l’efficacité de son approche thérapeutique sur nos semblables… Tout en écrivant l’article que je citais en introduction, tout en sentant une profonde conviction monter en moi, je voyais bien que les mots commençaient à me dépasser et que j’étais en train d’ouvrir à mon tour la piste encore fraiche d’une vaste forêt vierge qu’il est impossible de défricher, d’explorer et de décrire seul. Les semaines passant, ce sujet a creusé un petit sillon dans mon esprit, il s’est répandu à l’intérieur de moi comme un virus, attendant le moment propice pour passer à une phase plus active… Alors, notre ami Carl Rogers serait sans doute tout à fait heureux de lire ou d’entendre que c’est une rencontre dans l’approche centrée sur la personne qui a «mis le feu aux poudres», qui a tout déclenché, provoquant un grand mouvement dans ma conscience, une véritable «actualisation» de tout mon processus !
La rencontre avec l’association AFP-ACP
Car le mois dernier, avait lieu à Paris l’assemblée générale de l’association française de psychothérapie dans l’approche centrée sur la personne (AFP-ACP). Un moment crucial pour la vie de cette association, car, après une longue phase de construction, ce regroupement des professionnels de l’ACP, qui a traversé depuis sa création des difficultés aussi bien structurelles que culturelles, cherche désormais à grandir, développer sa légitimité et améliorer son audience tout en expliquant et promouvant les spécificités et les forces de notre approche. Plongé dans un groupe de personnes encore inconnu, les voix m’ont pourtant semblé assez vite familières et les énergies proches de la mienne… Et dans le travail de co-construction qui s’est produit pendant deux jours, il s’est tissé une nouvelle histoire commune, dans des attitudes que nous connaissons bien nous avons facilité l’émergence d’une dynamique positive. Des envies isolées se sont alors rejointes au sein d’un flot créatif commun bien plus puissant. Comme si sous mes yeux encore un peu naïfs venait de se produire le petit « miracle » de l’Approche Centrée sur la Personne.
Le petit « miracle » de l’Approche Centrée sur la Personne
La rencontre des autres, c’est bien là que tout se joue, que l’avenir se tisse, que le passé laisse le présent exister pleinement sous la forme d’une insaisissable création permanente de l’à-venir. C’est la rencontre qui rend «tout» possible. Et c’est elle qui ce week-end a libéré ma conscience de sa solitude… parfois bienfaisante lorsqu’elle est ponctuelle, elle fini par devenir toxique si elle dure trop longtemps. Alors que je réfléchissais seul aux moyens de faire connaître la psychothérapie au grand public, que j’étais effrayé par l’immensité de la tâche, que je me projetais déjà dans la difficulté d’apprivoiser les détracteurs, de dialoguer avec les critiques, la rencontre de ce week-end est venue m’éclairer, et me parler du rôle que nous pouvons jouer tous ensembles, professionnels, enseignants et étudiants, dans les progrès futurs de la psychothérapie, dans son ouverture au public, dans sa dé-confiscation à une élite dogmatique qui l’étouffe et réduit son champ d’application.
[quote align= »center » color= »#999999″]Sortir de l’opposition sclérosante et castratrice par la facilitation des échanges entre les différents courants de pensées[/quote]
Car à l’opposition sclérosante et castratrice dans laquelle sont trop souvent, les uns par rapport aux autres, les différents «courants» de la psychothérapie, nous qui poursuivons le travail de Carl Rogers, les Rogériens comme on nous appelle, pouvons répondre par la facilitation des échanges entre les différents courants de pensées. Ce n’est pas comme si Carl Rogers avait essayé, jusqu’à la fin de sa vie, de démontrer la puissance des groupes selon l’Approche Centrée sur la Personne, et notamment dans le domaine de la diplomatie… Ce n’est certainement pas un hasard s’il a été placé sur la liste des « potentiels » prix nobel de la paix.
L’Approche Centrée sur la Personne au secours des autres méthodes
Alors, si nous pouvons accueillir nos clients si positivement, sans condition, en mettant dans leur capacité créative tout notre confiance, si nous pouvons chercher à les comprendre là où ils se trouvent, dans leur propre univers, avec leur propre angle de vision, ne pouvons-nous pas accueillir d’autres visions de la psychothérapie avec la même bienveillance et la même empathie, la même volonté d’accompagner le développement et l’amélioration?
Nous sommes capables de mettre en œuvre pour nos clients des attitudes exigeantes et impliquantes, permettant les conditions d’une relation «extra-ordinaire» dont les effets sur la personne sont diaboliquement efficaces dans une optique de création et d’actualisation positive.
[quote align= »center » color= »#999999″]Améliorer la conscience de nos contemporains de la diversité et de la puissance des voies qui leur sont ouvertes vers le mieux-être[/quote]
Alors comment ne pourrions-nous pas faciliter le processus d’un groupe rassemblant au moins tout le courant humaniste, et même l’ensemble des méthodes psychothérapeutiques, autour d’un objectif commun : améliorer la conscience de nos contemporains de la diversité et de la puissance des voies qui leur sont ouvertes vers le mieux-être ?!
Notre spécificité est notre plus grande force, car elle nous rend capables de faire se mobiliser tous les points de vue, toutes les énergies, toutes les visions du monde. Nous, professionnels de l’approche centrée sur la personne, qui reconnaissons la diversité, et la singularité de chacun, pouvons-être fiers de cette capacité à accompagner les processus de tous les « univers » même s’ils nous sont complètement étrangers. Notre manière d’entrer en relation avec les autres est ce qui nous rend aussi adaptables, aussi «tout terrain».
Pouvons-nous être rassembleurs dans un monde encore trop divisé et morcelé ? Certainement…
Alors, au travail ! Debout les « Rogériens » !∗
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